Le ministère ordonné est un don du Seigneur, qui nous a regardés et nous a dit “Suis-moi”, avant d’être un service, et certainement pas «une fonction» ou «un contrat de travail». Je vous invite tout le monde à réfléchir sur la première lettre de saint Paul à Timothée, proposée par la liturgie, en l’axant sur le mot « don », sur le ministère comme don à contempler, suivant le conseil de Paul à un jeune disciple: «Ne néglige pas le don de la grâce en toi». Ce n’est pas un contrat de travail “Je dois faire”, l’agir est au deuxième plan; je dois recevoir le don et le conserver comme un don et tout naît de là, dans la contemplation du don. Quand nous oublions cela, nous nous approprions du don et le transformons en fonction, on perd le cœur du ministère, on perd le regard de Jésus qui nous a tous regardés et nous a dit: “Suis-moi”, on perd la gratuité.
Il met donc en garde contre un risque: «De ce manque de contemplation du don, du ministère comme don, naissent toutes les déviations que nous connaissons, des plus affreuses, qui sont terribles, à celles plus quotidiennes, qui nous font concentrer notre ministère sur nous-mêmes et non sur la gratitude du don et sur l’amour envers Celui qui nous a fait ce don, le don du ministère.
Un don, conféré au moyen d’une parole prophétique par l’imposition des mains de la part des prêtres et qui vaut pour les évêques, mais aussi pour tous les prêtres car il a été un don de la communauté presbytérale. Faisons ce que nous pouvons avec bonne volonté, intelligence, aussi avec ruse, mais toujours pour conserver ce don, pour ne pas le négliger.
Oublier la centralité d’un don est quelque chose d’humain, et je donne l’exemple du pharisien qui, dans l’Evangile de Luc, accueille Jésus dans sa maison, en négligeant de nombreuses règles d’accueil, en négligeant les dons. Jésus le lui fait remarquer, en indiquant la femme qui donne tout ce que l’hôte a oublié: l’eau pour les pieds, alors qu’elle m’a baigné les pieds de ses larmes et les a séchés avec ses cheveux, le baiser d’accueil, elle, en revanche, depuis que je suis entré n’a pas cessé de m’embrasser les pieds, et l’onction de la tête avec l’huile.
Il y a cet homme qui était bon, un bon pharisien, mais il avait oublié le don de la courtoisie, le don de la coexistence, qui est aussi un don. On oublie toujours les dons quand il y a un intérêt derrière, quand je veux faire cela, faire, faire… Nous les prêtres, nous tous devons faire des choses et la première tâche est d’annoncer l’Evangile, mais il faut conserver le centre, la source, d’où naît cette mission, qui est précisément le don que nous avons reçu gratuitement du Seigneur.
La prière finale au Seigneur est pour qu’il nous aide à conserver le don, à voir notre ministère tout d’abord comme un don, ensuite comme un service, pour ne pas l’abîmer et ne pas devenir des ministres entrepreneurs, affairistes, et tant d’autres choses qui éloignent de la contemplation du don et du Seigneur. Une grâce que je demande pour tous.
Pape François, jeudi 19 septembre 2019.