La nouvelle évangélisation qu’appelle de ses vœux les derniers papes place l’Église dans une nouvelle posture d’accueil, de dialogue et d’annonce à l’égard d’une culture et d’une société dont elle pressent les profondes attentes spirituelles. Elle nécessite une nouvelle ardeur spirituelle et un renouveau ecclésial, mais aussi un approfondissement doctrinal et l’intégration de nouvelles méthodes de formation qui s’appuient sur les cinq essentiels ou si vous préférez, les cinq dynamiques de croissance [1]. Il y est question d’une évangélisation menée conjointement par tous les membres de la communauté, de la paroisse comme « milieu vivant » où la catéchèse doit aussi se mettre en pratique et en mode d’intégration.
La mission de l’Église n’est pas d’agir directement sur le plan économique, technique, politique, ou de contribuer matériellement au développement, mais elle consiste essentiellement à offrir aux peuples non pas « plus d’avoir » mais « plus d’être », en réveillant les consciences par l’Évangile.[2] Deux tiers des leaders en Église arrivés au mitan de la vie auraient tendance à plafonner dans l’exercice de leur ministère. Peu d’entre eux réussiraient à franchir une barrière invisible appelée “frontière du faire à l’être”. La plupart d’entre eux définissent leur leadership en fonction de ce qu’ils “font” plutôt que ce qu’ils “sont”. Cela a pour conséquence de faire apparaître des fissures sur le plan identitaire. Le manque d’intimité avec Dieu, le manque d’intégrité et le manque de confiance en Dieu produisent des phénomènes d’épuisement professionnel, d’effondrement moral et de plafonnement pastoral. La solution à ces problèmes passe par le renouveau spirituel du leader en Église, qu’il soit prêtre, diacre, religieux ou laïc engagé et par un accompagnement personnalisé sous forme de coaching.
Selon Mgr Rino Fisichella, préfet du dicastère de la nouvelle évangélisation, « il n’existerait pas de méthode certifiée et universellement efficace pour apporter un tel changement dans une communauté ecclésiale et encore plus à l’échelle de tout un diocèse… Je pense qu’il serait bon d’intégrer dans votre réflexion l’expérience de nombreux mouvements d’évangélisation : le Parcours Alpha, Cellules Paroissiales d’Évangélisation et l’École d’Évangélisation Saint-André … qui, de manières complémentaires aux paroisses, peuvent aider à faire entendre l’Évangile au Peuple de Dieu jusque dans ses périphéries ».[3]
Bref, chaque paroisse devrait se pourvoir d’une école de formation des disciples. Pour favoriser la croissance de l’Église-Cellulaire, nous pourrions par exemple utiliser le Parcours Alpha sous forme de cellules ou petits groupes dans les maisons ou en ligne grâce à une plate-forme de visio-conférence. Ce parcours de douze sessions offre une excellente formation kérygmatique et pourrait transiter de façon naturelle dans une rencontre hebdomadaire en cellules paroissiales d’évangélisation. Le parcours Alpha poursuivrait trois volets :
- Former les paroissiens à proclamer le kérygme dans un langage accessible aux périphéries existentielles qui ne connaissent pas la foi chrétienne.
- Former des animateurs qui offrirons le parcours Alpha à tous ceux et celles qui demandent des sacrements.
- Former une fraternité missionnaire au cœur des paroisses où prêtres et laïcs seraient co-responsables de la vie paroissiale.
Il pourrait y avoir par la suite une transition naturelle entre le Parcours Alpha et le Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation (S.C.P.É.) [4] Ces petites cellules stimulent la vie paroissiale dans le monde entier. Celles-ci n’atteignent leurs objectifs que si elles continuent à conserver de petites dimensions, en se reproduisant constamment, comme les organismes cellulaires. Cependant, nous constatons la très grande difficulté d’implanter cette vision pastorale en paroisse. Nos cellules, faute de formation adéquate des leaders, redeviennent de petits groupes de prière qui ne se multiplient plus et qui se referment sur eux-mêmes et au monde extérieur.
C’est ici que la vision pastorale de l’École d’Évangélisation Saint André (ÉÉSA) entre en jeu. Jose Prado Florès, le fondateur de cette école de formation d’évangélisateurs, aspire à ce que chacune des paroisses de l’Église catholique ait sa propre école « afin que les paroisses ne soient pas uniquement des centres du culte, mais aussi une table où se distribue le Pain de la Parole de Dieu ».[5] Pour que l’Église soit évangélisée et évangélisatrice, cette école offre un parcours de 29 sessions dont le but ultime est de former des évangélisateurs qui deviendront dans le temps des formateurs d’évangélisateurs, voire des formateurs de formateurs d’évangélisateurs. « Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour. » (2 Tm 2, 2). Voilà le verset qui donne sens à la délégation pastorale où laïcs et prêtres deviennent co-responsables de la mission de l’Église au cœur des paroisses, au cœur des maisons, au cœur de notre société. Or nous savons que le grand défi de la multiplication des cellules est la formation des leaders.
[1] 1- Louange; 2- Fraternité; 3- Service; 4- Formation; 5- Évangélisation
[2] Jean-Paul II, Redemptoris missio, 58.
[3] cf. Lettre de Mgr Rino Fisichella à Élisabeth Di Lalla Besner, la coordonnatrice de la pastorale du diocèse de Saint-Jérôme, au Canada.
[4] Le S.C.P.É fut officiellement reconnu par le Conseil Pontifical des Laïcs le dimanche de la miséricorde en 2015.
[5] Projet pastoral de l’ÉÉSA, 2009, p. 6