UNE ÉGLISE AU CŒUR DES MAISONS, UNE ÉGLISE CELLULAIRE AU CŒUR DE NOS PAROISSES

« En tant que chrétiens, nous sommes appelés, comme Joseph, à offrir une maison à Jésus » (pape François)[1]

Une transformation pastorale en paroisses

Une transformation profonde s’opère dans notre société, dans notre Église. Notre structure ecclésiale, bien adaptée autrefois à la vie d’une autre époque, ne convient plus. C’est ce que l’histoire des peuples, comme celle de l’Église, ne cesse de nous montrer.

Les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont en continuelle mutation : entraînés par les événements et l’évolution des techniques, des changements de mentalité apparaissent et révèlent du même coup l’inadaptation des structures anciennes à des situations nouvelles. Il existe de fait une tension permanente entre la vie et l’institution : parce que l’humain est un être vivant, il ne cesse d’évoluer, de s’interroger, de découvrir et d’entreprendre.

Par ailleurs, les institutions, indispensables à la vie de la société, ont pour but essentiel de canaliser, d’ordonner et d’organiser cette vie toujours bouillonnante. Sans créativité, l’humain est un mort-vivant ; sans institution, toute société tourne à l’anarchie. Si la tension entre la vie et l’institution est permanente, elle apparaît cependant plus nettement à certains moments, des temps de crise nécessaires à la croissance.

Écoutons Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI :

« Malgré tous les changements auxquels on peut s’attendre, la paroisse restera, selon ma conviction, la cellule essentielle de la vie commune.  Mais on ne pourra guère maintenir tout le système paroissial actuel, qui d’ailleurs est en partie récent.  On devra apprendre à aller les uns vers les autres et ce sera un enrichissement.  Comme cela se produit presque toujours dans l’histoire, il y aura à côté de la paroisse des groupements qui, par un charisme particulier, par la personnalité d’un fondateur, maintiendront un cheminement spécifiquement spirituel.  Entre la paroisse et le mouvement, un échange plus fructueux est nécessaire : le mouvement a besoin d’un lien avec la paroisse pour ne pas devenir sectaire, la paroisse a besoin des mouvements pour ne pas se pétrifier.  De nouvelles formes de vie monacale se sont déjà formées au milieu du monde. » [2]

Nous savons comment dans chaque crise s’affrontent des courants conservateurs et des courants innovateurs. Tandis que les courants conservateurs pensent trouver dans le retour au passé, avec fermeté et intransigeance, le moyen de rétablir l’ordre des choses, les courants innovateurs, conscients de la nécessité d’inventer des structures nouvelles pour répondre à la réalité présente, oublient trop rapidement les acquis de l’expérience du passé.

Maintenant, devant le péril auquel est confrontée notre société, les croyants croient trouver la sécurité en remettant à un autre, à un grand chef, le soin de penser, de se faire inspirer par Dieu, et de décider à leur place : ils ont peur des initiatives à prendre. Mais quand on attend tout des autorités civiles ou religieuses, c’est l’enlisement général, ou la tyrannie.

De nos « saintes insatisfactions » partagées, de la conviction que les choses ne sont pas comme elles devraient être et qu’elles pourraient être infiniment meilleures, la paroisse devra se donner, si elle veut survivre, une vision pastorale claire et précise qui l’orientera vers l’accomplissement de la mission du Père : Établir la « civilisation de l’amour ». [3]

Lorsque les cellules sont le moteur de l’Église

« Si la société dans sa totalité n’offre plus d’environnement chrétien, l’Église doit elle-même former des cellules où l’on pourra expérimenter et pratiquer en petit le grand espace de vie de l’Église, en se soutenant, se portant mutuellement, en marchant ensemble » (Joseph Ratzinger)[4].

En 1965, le Pasteur Yonggi Cho [5] multiplie son église en petites cellules dans les maisons de Séoul et commence la formation des leaders de celles-ci. Chaque cellule a un temps de prière et d’études bibliques hebdomadaire dans la maison du leader. Les membres de la cellule invitent leurs voisins non-chrétiens afin qu’ils découvrent la foi. Chaque leader de cellule forme un assistant appelé co-leader. Quand la cellule atteint un nombre trop important, l’assistant forme une nouvelle cellule avec un ou plusieurs membres de la cellule précédente, la cellule-mère.

Ce système fut adapté et mis en place dans la paroisse catholique Saint-Boniface à Pembroke-Pines, en Floride, par un prêtre d’origine irlandaise, le Père Michael Eivers. Don Piergiorgo Perini (don PiGi), curé de la paroisse de Sant’ Eustorgio visita cette paroisse et encouragé par l’archevêque de Milan, le Cardinal Martini, fonda le Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation (SCPÉ) en 1987. Il met en place quatre cellules dans sa paroisse. Elles se multiplient rapidement, de sorte que, quatre ans plus tard, on compte en Europe soixante-dix cellules paroissiales d’évangélisation totalisant environ 1000 membres.

Depuis 1990, un séminaire international est organisé chaque année dans la paroisse de Don PiGi. En France, les cellules paroissiales d’évangélisation sont adoptées en 1995, dans le diocèse de Fréjus-Toulon, puis d’autres diocèses emboitèrent le pas.

Autre date importante : le 12 avril 2015, Fête de la Divine Miséricorde, le Conseil Pontifical pour les laïcs a remis à Don PiGi le décret de reconnaissance définitif de l’Organisme international de Service du Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation et approuve ses statuts.

Les cellules prophétisées

En cinq discours radiodiffusés peu connus à la radio bavaroise en 1969, Joseph Ratzinger le futur pape Benoît XVI exposait sa vision de l’avenir de l’homme et de l’Église.   Ces déclarations étaient une véritable prophétie. Il voyait l’Église s’approchant d’une sorte d’agonie, une ère de grave difficulté et de crise. La France sortait alors de son étonnante révolution de mai 1968 où il était « interdit d’interdire ». L’Église elle-même connaissait une crise profonde, si grave, que Paul VI évoquait des « fumées de Satan ». Des prêtres nombreux, en Occident, quittaient le sacerdoce. Les grands ordres monastiques, mendiants, apostoliques étaient fortement ébranlés.

On retiendra en particulier la dernière leçon, prononcée le jour de Noël 1969 :

« Nous sommes à un énorme tournant dans l’évolution de l’humanité. De la crise actuelle émergera une Église qui aura perdu beaucoup. Elle deviendra plus petite et devra plus ou moins repartir des origines. Elle ne pourra plus vivre dans les bâtiments qu’elle a construits dans les périodes de prospérité. Avec la diminution de ses fidèles, elle perdra également beaucoup de privilèges sociaux. Elle redémarrera de petits groupes, de mouvements et d’une minorité qui remettra la foi au centre de l’expérience. Ce sera une Église plus spirituelle, qui ne s’arrogera plus de mandats politiques, flirtant tantôt avec la gauche et tantôt avec la droite. Elle sera pauvre et deviendra l’Église des indigents. Cela sera un processus long, mais quand toute la souffrance sera passée, émergera la grande force d’une Église plus spirituelle et simplifiée. À ce moment, les hommes découvriront qu’ils vivent dans un monde d’indescriptible solitude, et ayant perdu Dieu de vue, ressentiront l’horreur de leur pauvreté. Alors, et alors seulement, ils verront ce petit troupeau de croyants comme quelque chose de totalement nouveau : ils le découvriront comme une espérance pour eux-mêmes, la réponse qu’ils avaient toujours cherchée en secret. » [6]

D’autres écrits « prophétiques » du futur Benoît XVI présentaient la vision qu’il avait de l’avenir de l’Église ; celle-ci paraissait alors très pessimiste. Il prévoyait une telle fragmentation du Corps mystique qu’il le réduisait à un ensemble de petits groupes encore vivaces, mais au milieu d’une décadence généralisée : peut-être devons-nous dire adieu à l’idée d’une Église rassemblant tous les peuples. « Il est possible que nous soyons au seuil d’une nouvelle ère, constituée tout autrement, de l’histoire de l’Église, où le christianisme existera plutôt sous le signe du grain de sénevé, en petits groupes, apparemment sans importance, mais qui vivent intensément pour lutter contre le mal et implantent le bien dans le monde… »  [7]

Elle ressemblera moins aux grandes sociétés, elle sera davantage l’Église des minorités, elle se perpétuera dans de petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi. [8] Mais c’est précisément ainsi qu’elle redeviendra, comme le dit la Bible “le sel de la terre ”. « Si la société dans sa totalité n’offre plus d’environnement chrétien, l’Église doit elle-même former des cellules où l’on pourra expérimenter et pratiquer en petit le grand espace de vie de l’Église, en se soutenant, se portant mutuellement, en marchant ensemble ». [9]

Une vision audacieuse et enthousiasmante

Comme promoteur du Système des Cellules paroissiales d’évangélisation au Canada, je fus profondément impressionné par cette prophétie et cela confirma la nécessité de penser l’Église cœur des Maisons sous forme de cellules pour rejoindre les périphéries existentielles.

« Aux appels de ton peuple en prière, réponds, Seigneur, en ta bonté : donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir ». [10]

Toute vision pastorale est une image de ce que le Christ nous appelle à devenir comme communauté pour poursuivre sa mission de salut, dans l’environnement qui est le nôtre. Elle présente un avenir durable qui suscite passion et force dans le cœur des fidèles. Elle répond à la question: « où allons-nous ? ».

La vision pastorale de Don PiGi adoptée par le pôle missionnaire de Fontainebleau repose sur les deux grands commandements de Jésus :

« Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples ». (Mt 28, 19.) Et qui se traduit par deux priorités pastorales : la Communion fraternelle et l’Évangélisation.

 

  • La communion fraternelle, car Dieu nous aime et, par toute notre vie, pour sa plus grande gloire, nous voulons répondre à son amour à travers l’Eucharistie, la prière, le service et la fraternité…
  • L’évangélisation, car Jésus nous confie la tâche de faire des disciples. Aujourd’hui, nous désirons répondre à cet envoi par trois moyens :
    • Faire des disciples en « allant » : une Église « en sortie » comme nous y invite le pape François;
    • Faire des disciples en « les baptisant »;
    • Faire des disciples en « leur apprenant », autrement dit, en témoignant, en aidant chacun, par l’accompagnement, à se mettre à l’école de Jésus pour grandir dans la foi et remplir une mission dans l’Église.

Un écosystème paroissial

Le Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation (S.C.P.É.) [11] est d’abord une vision pastorale pour la paroisse avant d’être une méthodologie. Reconnues officiellement par le Conseil pontifical des laïcs en 2015, ces petites cellules stimulent la vie paroissiale dans le monde entier. Celles-ci n’atteignent leurs objectifs que si elles continuent à conserver de petites dimensions, en se reproduisant constamment, comme les organismes cellulaires. Par contre, nous constatons la très grande difficulté d’implanter à long terme le S.C.P.É en paroisse. Pour la simple raison que notre Église ne semble pas prioriser la raison d’être de son existence : « l’Église existe pour évangéliser » [12]. C’est pour cela que nous devons regarder d’autres approches complémentaires qui permettront à nos cellules de croître et de se multiplier par la formation des leaders.  Selon Mgr Rino Fisichella, préfet du dicastère de la nouvelle évangélisation,

« il n’existerait pas de méthode certifiée et universellement efficace pour apporter un tel changement dans une communauté ecclésiale et encore plus à l’échelle de tout un diocèse…  Je pense qu’il serait bon d’intégrer dans votre réflexion l’expérience de nombreux mouvements d’évangélisation : le Parcours Alpha, Cellules Paroissiales d’Évangélisation et l’École d’Évangélisation Saint-André … qui, de manières complémentaires aux paroisses, peuvent aider à faire entendre l’Évangile au Peuple de Dieu jusque dans ses périphéries ».[13]

Pour favoriser la croissance de l’Église cellulaire, nous pourrions par exemple utiliser le Parcours Alpha sous forme de cellules ou petits groupes dans les maisons ou en ligne grâce à une plate-forme de visioconférence.  Ce parcours de douze séances offre une excellente formation kérygmatique et pourrait transiter de façon naturelle dans une rencontre hebdomadaire en cellules paroissiales d’évangélisation.

Vision des Écoles d’Évangélisation Saint-André

La nouvelle évangélisation qu’appellent de leurs vœux les derniers papes place l’Église dans une nouvelle posture d’accueil, de dialogue et d’annonce à l’égard d’une culture et d’une société dont elle pressent les profondes attentes spirituelles. Elle nécessite une nouvelle ardeur spirituelle et un renouveau ecclésial, mais aussi un approfondissement doctrinal et l’intégration de nouvelles méthodes de formation qui s’appuient sur les cinq essentiels [14].  Il y est question d’une évangélisation menée conjointement par tous les membres de la communauté, de la paroisse comme « milieu vivant » où la catéchèse doit aussi se mettre en pratique.

La mission de l’Église n’est pas d’agir directement sur le plan économique, technique, politique, ou de contribuer matériellement au développement, mais elle consiste essentiellement à offrir aux peuples non pas « plus d’avoir », mais « plus d’être », en réveillant les consciences par l’Évangile.[15]

C’est ici que la vision pastorale de l’École d’Évangélisation Saint André (ÉÉSA) entre en jeu. Jose Prado Florès, le fondateur de cette école de formation d’évangélisateurs, aspire à ce que chacune des paroisses de l’Église catholique ait sa propre école « afin que les paroisses ne soient pas uniquement des centres du culte, mais aussi une table où se distribue le Pain de la Parole de Dieu ».[16] Pour que l’Église soit évangélisée et évangélisatrice, cette école offre un parcours de 29 séances dont le but ultime est de former des évangélisateurs qui deviendront dans le temps des formateurs d’évangélisateurs, voire des formateurs de formateurs d’évangélisateurs. « Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour. » (2 Tm 2, 2.) Voilà le verset qui donne sens à la délégation pastorale où laïcs et prêtres deviennent co-responsables de la mission de l’Église au cœur des paroisses, au cœur des maisons, au cœur de notre société. Or nous savons que le grand défi de la multiplication des cellules est la formation des leaders.

De plus, nous avons pris conscience qu’un lieu hors des lieux de culte s’avère nécessaire à l’évangélisation des périphéries existentielles et à la formation permanente des laïcs. L’Église au cœur des Maisons deviendrait ce lieu qui intègrerait différentes approches pastorales, méthodologiques et pédagogiques. Cette formation de disciples missionnaires et leader en paroisse s’appuie sur une pédagogie qui s’appuie sur les cinq dynamiques de croissance, [17] ou, si vous préférez, les cinq essentiels :

  • Louange et adoration
  • Fraternité
  • Service
  • Évangélisation
  • Formation

Bien entendu, l’Église au cœur des Maisons intègre les visions pastorales du S.C.P.É et de l’É.É.S.A. et la méthodologie du Parcours Alpha. Un lien étroit entre cette mission d’implantation et les autorités de l’Église doit être maintenu et encouragé.  Pour cela, nous avons mis en place des cellules sacerdotales d’évangélisation.  L’enjeu est la conversion pastorale de nos évêques, prêtres et laïcs demandée constamment par le pape François. Toute la pastorale sacramentelle pourrait ainsi s’intégrer ainsi dans cet écosystème paroissial en priorisant, bien entendu, le primat de l’annonce, une rencontre personnelle avec Jésus-Christ.

« Oui, ce message est nécessaire. Il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des hommes qui est en cause. C’est la beauté de la Révélation qu’il représente. Il comporte une sagesse qui n’est pas de ce monde. Il est capable de susciter, par lui-même, la foi, une foi qui repose sur la puissance de Dieu. Il est la Vérité. Il mérite que l’apôtre y consacre tout son temps, toutes ses énergies, y sacrifie, au besoin, sa propre vie ». [18]

L’esprit de la vie monastique bénédictine comme soutien à l’apostolat

Écoutons le pape Paul VI : « Aujourd’hui, ce n’est plus la carence de la vie sociale qui nous pousse vers ce refuge, mais son exubérance. L’excitation, le bruit, l’agitation fébrile, l’extériorité, la foule menacent l’intériorité de l’homme. Il lui manque le silence avec son authentique parole intérieure, il lui manque l’ordre, la prière, la paix. Il lui manque lui-même. Pour retrouver la maîtrise et la joie spirituelles de lui-même, il a besoin de se remettre en face de lui-même dans le cloître bénédictin. C’est là une grande et importante réalité qui a une valeur vitale pour notre vieille société, toujours vivante, mais qui, aujourd’hui, a tellement besoin de puiser dans ses racines une vigueur et une splendeur nouvelles, dans ses racines chrétiennes, dont elle est redevable en si grande partie à saint Benoît. » [19]

Dans un accueil gratuit et une éducation exigeante, la paroisse proposerait à ses paroissiens un style de vie communautaire, simple et familial qui s’inspire de la tradition monastique : l’amitié sincère comme fondement des rapports humains et de la fraternité, la redécouverte du travail vécu comme don et engagement pour mûrir dans les responsabilités de la vie, la prière et la foi en Jésus-Christ comme réponse au besoin infini qui habite le cœur humain. Les personnes accueillies peuvent se sentir chez elles et retrouver leur dignité, la paix intérieure, la joie de vivre.

« N’oubliez pas, s’il vous plaît, que les statuts aident à aller sur la voie juste, mais que c’est le charisme qui fait l’œuvre ! » disait le Pape François lors de l’approbation par le Saint Siège des statuts des cellules paroissiales d’évangélisation.  De même, la rédaction de ce projet de fraternité monastique a aussi pour but d’expliciter comment le charisme particulier de la vie bénédictine peut être mis au service de l’Évangélisation en paroisse.

L’un des buts de la vie monastique bénédictine est de mettre en application le commandement du Seigneur de l’amour fraternel. Cette application pratique de la charité fraternelle est une aide précieuse apportée aux cellules qui vivent ces relations fraternelles en leur sein.  L’autre but de la vie monastique bénédictine est le soutien mutuel d’une vie en communauté.

Comme les moines bénédictins, nous avons le projet fou de rendre à Dieu sa place dans le monde et dans chacune de nos vies. Rien n’est profane, tout est sacré. Le sens aigu de la grandeur de Dieu entraîne comme conséquence, le sens de la grandeur de l’homme et le sens de la communauté. Le but est l’intimité avec Dieu. Elle est essentielle à chacun d’entre nous qui, sans elle, nous risquons de « courir pour rien ».

L’école bénédictine pourrait nous inspirer dans notre quotidien

  • Par sa finalité qui est de faire de nous un homme ou une femme apte au combat spirituel.
  • Passer d’une simple ferveur du début de la vie religieuse à une seconde ferveur, plus mature, profonde et solide.
  • Par l’exercice continuel de la charité fraternelle, car elle est essentielle à l’apostolat puisque le Seigneur enseigne que c’est celle qui gagnera les âmes à Dieu: « En ceci, tous connaîtront que vous êtes mes Disciples, si vous avez de l’amour l’un pour l’autre. »
  • Par la pratique de l’abnégation (renoncement de soi-même, et un détachement de ce qui n’a point de rapport à Dieu), si essentielle à l’apostolat.
  • Par l’exercice de l’humilité, au cœur même de la vie monastique. Ce témoignage monastique est particulièrement utile aux cellules où chacun apprend à s’effacer devant l’autre.
  • Répondre à l’appel pour le bon zèle apostolique. Ce « bon zèle » est attendu du peuple de Dieu, et c’est pourquoi la vie monastique rencontre l’adhésion des fidèles pour autant que cette vie leur devienne proche.

Application concrète

Sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne (pape François) [20]

Le monachisme paroissial a une visée précise : être l’âme et la fondation d’un nouvel écosystème paroissial. Cet écosystème, qui est pratiquement inexistant au Québec, sera essentiel pour faire naître des pôles missionnaires où pourra s’intégrer tout ce que l’Église catholique a fait germer depuis plus de 30 ans (SCPE, ÉÉSA, Alpha, etc.).

Il s’agit donc de mettre en œuvre le changement de paradigme pastoral qui permettra de former des disciples missionnaires, des baptisés capables d’entrer dans le mouvement de l’annonce primordiale de l’Évangile et de développer des projets vers les périphéries de l’Église, en agissant comme des leaders multiplicateurs afin de former d’autres disciples missionnaires.

  • Mettre sur pied un écosystème paroissial qui épouse les visions pastorales du Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation et de l’École d’évangélisation Saint-André : une structure dynamique qui favorisera la (re-)découverte de la foi, la communion fraternelle et la croissance spirituelle qui s’appuie sur les cinq essentiels ;
  • Permettre la création d’une école de prière et d’adoration eucharistique. Aider une communauté chrétienne à passer d’une pastorale de chrétienté à une pastorale de Nouvelle Évangélisation (« nouvelle de par son ardeur, sa méthode et son expression », selon saint Jean-Paul II) ;
  • Former des paroissiens articulés dans leur foi chrétienne (ou s’en adjoindre) afin qu’ils puissent œuvrer dans les activités d’évangélisation de la paroisse ;
  • Former et « coacher » toutes les personnes impliquées dans le ministère actif dans l’esprit de la Nouvelle Évangélisation ;
  • Aider la communauté chrétienne à devenir un pôle missionnaire paroissial ;
  • Renouveler la liturgie afin de la mettre en phase avec le renouveau pastoral ;
  • Lancer la formation à la guérison chrétienne.

 

Bien entendu, rien de tout cela n’est possible sans la prière, particulièrement la louange et l’adoration.

 

Références

[1] Vendredi 16 janvier 2015, le pape François s’est adressé à des familles philippines à Manille.

[2] À propos des nouvelles communautés: extrait du livre d’entretiens avec Peter Seewald « Le Sel de la Terre », pages 16.

[3] Esprit prophétique, Paul VI a annoncé, à Noël 1975, l’avènement d’une « civilisation de l’amour ».

[4] Ibid, p. 255-256.

[5] David Yonggi Cho est un pasteur chrétien de courant pentecôtiste, co-fondateur de l’église Yoido Full Gospel Church à Séoul, Corée du Sud, et pasteur principal de 1968 à 2008.

[6] Marco Bardazzi. http://vaticaninsider.lastampa.it. 18 février 2013

[7] Cardinal Ratzinger, entretiens avec Peter Seewald. Le Sel de la terre. Le christianisme et l’Église Catholique au seuil du IIIe millénaire. Flammarion/Cerf, 1997, p. 16.

[8] Ibid, p. 214.

[9] Ibid, p. 215-216.

[10] Oraison de la 1re messe du temps ordinaire.

[11] Le S.C.P.É fut officiellement reconnu par le Conseil Pontifical des laïcs le dimanche de la miséricorde en 2015.

[12] Paul VI. Evangelii Nuntiandi, no 14.

[13] cf. Lettre de Mgr Rino Fisichella à Élisabeth Di Lalla Besner, la coordonnatrice de la pastorale du diocèse de Saint-Jérôme, au Canada.

[14] 1- Louange; 2- Fraternité; 3- Service; 4- Formation; 5- Évangélisation

[15] Jean-Paul II, Redemptoris missio, no 58.

[16] Projet pastoral de l’ÉÉSA, 2009, p. 6

[17] Ces dynamiques furent développées par le pasteur Rick Warren, fondateur de Saddleback Church en Californie aux États-Unis.

[18] Paul VI, Evangelii Nuntiandi, no 5.

[19] Sébastien Maillard. Saint Benoît, co-patron de l’Europe depuis 50 ans, Revue La Croix, Rome, 11 juillet 2014.

[20] Pape François, dimanche de la miséricorde, 19 avril 2020.