L’évangile nous présente Jésus aux prises avec les sadducéens, qui niaient la résurrection. Et c’est précisément sur ce thème qu’ils posent une question à Jésus, pour le mettre en difficulté et ridiculiser la foi en la résurrection des morts. Ils partent d’un cas imaginaire : « Une femme a eu sept maris, morts l’un après l’autre » et ils demandent à Jésus : « Après sa mort, de qui cette femme sera-t-elle l’épouse ? ». Jésus, toujours doux et patient, répond d’abord que la vie après la mort n’a pas les mêmes paramètres que la vie terrestre. La vie éternelle est une autre vie, dans une autre dimension où, entre autres, il n’y aura plus de mariage, qui est lié à notre existence dans ce monde. Les ressuscités — dit Jésus — seront comme les anges, et vivront dans un état différent, que nous ne pouvons pas expérimenter ni imaginer maintenant. Et Jésus explique cela.
Mais ensuite Jésus, pour ainsi dire, passe à la contre-attaque. Et il le fait en citant les Saintes Écritures, avec une simplicité et une originalité qui nous laissent pleins d’admiration pour notre Maître, l’unique Maître ! La preuve de la résurrection, Jésus la trouve dans l’épisode de Moïse et du buisson ardent [2], là où Dieu se révèle comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le nom de Dieu est lié aux noms des hommes et des femmes avec lesquels Il se lie, et ce lien est plus fort que la mort. Et nous pouvons le dire aussi du rapport de Dieu avec nous, avec chacun de nous : Il est notre Dieu ! Il est le Dieu de chacun de nous ! Comme s’il portait notre nom. Il lui plaît de le dire, et cela est l’alliance. C’est pourquoi Jésus affirme : « Il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui » [3]. Et cela est le lien décisif, l’alliance fondamentale l’alliance avec Jésus : Il est lui-même l’Alliance, Il est lui-même la Vie et la Résurrection, parce qu’avec son amour crucifié, il a vaincu la mort. En Jésus, Dieu nous donne la vie éternelle, Il la donne à tous, et tous grâce à Lui ont l’espérance d’une vie encore plus vraie que celle-ci. La vie que Dieu nous prépare n’est pas un simple embellissement de cette vie actuelle : elle dépasse notre imagination, car Dieu nous surprend constamment avec son amour et sa miséricorde.
Par conséquent, ce qui arrivera est justement le contraire de ce qu’attendaient les sadducéens. Ce n’est pas cette vie qui est la référence de l’éternité, de l’autre vie, celle qui nous attend, mais c’est l’éternité — cette vie — qui illumine et donne espérance à la vie terrestre de chacun de nous! Si nous regardons seulement avec un regard humain, nous sommes portés à dire que le chemin de l’homme va de la vie vers la mort. Cela se voit ! Mais seulement si l’on regarde avec un regard humain. Jésus renverse cette perspective et affirme que notre pèlerinage va de la mort à la vie : la vie en plénitude ! Nous sommes en chemin, en pèlerinage vers la vie pleine, et cette vie pleine est celle qui illumine notre chemin! Ainsi la mort est derrière, dans notre dos, non pas devant nous. Devant nous se tient le Dieu des vivants, le Dieu de l’alliance, le Dieu qui porte mon nom, notre nom, comme Il l’a dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », le Dieu aussi avec mon nom, avec ton nom, avec le tien…, avec notre nom. Le Dieu des vivants ! Là se trouve l’échec définitif du péché et de la mort, le commencement d’un nouveau temps de joie et de lumière sans fin. Mais sur cette terre déjà, dans la prière, dans les Sacrements, dans la fraternité, nous rencontrons Jésus et son amour, et ainsi, nous pouvons avoir un avant-goût de la vie ressuscitée. L’expérience que nous faisons de son amour et de sa fidélité allume comme un feu dans notre cœur et augmente notre foi dans la résurrection.
En effet, si Dieu est fidèle et aime, il ne peut pas l’être à temps limité: la fidélité est éternelle, elle ne peut pas changer. L’amour de Dieu est éternel, il ne peut pas changer! Il n’est pas à temps limité : il est pour toujours ! Il est pour aller de l’avant ! Il est fidèle pour toujours et Il nous attend, chacun de nous, il accompagne chacun de nous avec cette fidélité éternelle.
[1] Pape François, angélus du dimanche 10 novembre 2013
[2] cf. Ex 3, 1-6.
[3] Lc 20, 38.