La mission exige de tous une formation solide et intégrale

Chers formateurs, chers frères Xavériens,

De différentes manières, nous sommes appelés à entrer dans le dynamisme de la mission et à relever les défis de l’évangélisation. Cet appel exige de nous tous, ministres ordonnés comme fidèles laïcs, une formation solide et intégrale, qui ne se limite pas à des connaissances spécialisées, mais vise à transformer notre humanité et notre spiritualité afin qu’elles reflètent l’Évangile et que nous ayons « la même pensée » que le Christ Jésus (cf. Ph 2, 5). Nous pouvons ajouter que l’enthousiasme pour la joie de l’Évangile n’est pas réservé aux prêtres, mais à tous, et nous pouvons ainsi parler de chrétiens heureux, de disciples heureux et de missionnaires heureux.

Pour que cette espérance ne reste pas un simple slogan, la formation est essentielle. Il est en effet nécessaire que la « maison » de notre vie et de notre cheminement vocationnel, qu’il soit sacerdotal ou laïc, soit fondée sur le « roc » (cf. Mt 7, 24-25), c’est-à-dire sur des fondations solides pour affronter les tempêtes humaines et spirituelles dont la vie des chrétiens, des prêtres et des missionnaires n’est pas exempte. Comment pouvons-nous construire notre maison sur le roc ? À ce propos, je voudrais vous proposer trois brèves suggestions.

La première est de cultiver l’amitié avec Jésus. C’est le fondement de la maison, qui doit être au cœur de toute vocation et de toute mission apostolique. Nous avons besoin de faire personnellement l’expérience de la proximité du Maître ; de savoir que nous avons été vus, aimés et choisis par le Seigneur par pure grâce et sans mérite de notre part, car c’est avant tout notre expérience personnelle que nous rayonnons ensuite dans notre ministère. De plus, lorsque nous formons d’autres personnes à la vie sacerdotale et, selon notre vocation spécifique, annonçons l’Évangile en terre de mission, nous rayonnons d’abord notre expérience personnelle d’amitié avec le Christ, qui transparaît dans notre manière de vivre, dans notre attitude, dans notre humanité et dans notre capacité à vivre des relations saines.

Rappelant les paroles d’Evangelii Nuntiandi lors d’une audience générale, le pape François a déclaré : « L’évangélisation est plus qu’une simple transmission doctrinale et morale. C’est avant tout un témoignage … un témoignage de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ, le Verbe incarné dans lequel s’accomplit le salut… Il ne s’agit pas de transmettre une idéologie ou une “doctrine” sur Dieu, non. Il s’agit de transmettre Dieu qui vit en moi » (Audience générale, 22 mars 2023).

Cela implique un cheminement continu de conversion. Les formateurs et leurs responsables ne doivent pas oublier qu’ils sont eux-mêmes engagés dans un cheminement de conversion évangélique permanente. En même temps, les missionnaires ne doivent pas oublier qu’ils sont toujours les premiers destinataires de l’Évangile, les premiers à être évangélisés. Cela implique un travail constant sur nous-mêmes. Un effort concerté est nécessaire pour sonder notre cœur afin d’y déceler les ombres et les blessures qui nous marquent, puis pour avoir le courage de laisser tomber nos masques et de cultiver une amitié intime avec le Christ. Ainsi, nous nous laisserons transformer par la vie de l’Évangile et deviendrons d’authentiques disciples missionnaires.

La deuxième suggestion est de vivre une fraternité effective et affective entre nous . Lorsque le pape François parlait de la vie sacerdotale et des crises à prévenir, il aimait souligner quatre types de proximité : la proximité avec Dieu, avec l’évêque, avec les autres prêtres et avec le peuple (cf. Discours aux participants au Symposium « Vers une théologie fondamentale du sacerdoce », 17 février 2022). En ce sens, il est nécessaire d’apprendre à vivre en frères au sein du presbyterium, ainsi qu’au sein des communautés religieuses et avec nos évêques et supérieurs. Nous devons travailler dur sur nous-mêmes pour surmonter l’individualisme et le désir de dépasser les autres, qui nous rendent concurrents, afin d’apprendre progressivement à construire des relations humaines et spirituelles à la fois saines et fraternelles. Sur le principe, je pense que tout le monde est d’accord sur ce point, mais en réalité, le chemin est encore long.

Le troisième et dernier aspect est de partager la mission avec tous les baptisés. Durant les premiers siècles de l’Église, il était habituel que tous les fidèles se comportent comme des disciples missionnaires et s’engagent personnellement dans l’évangélisation. Le ministère ordonné était au service de cette mission partagée par tous. Aujourd’hui, nous ressentons fortement la nécessité de revenir à cette participation de tous les baptisés au témoignage et à l’annonce de l’Évangile. Frères de la Société de Saint-Xavier, dans les pays où vous accomplissez votre mission, vous avez certainement constaté l’importance de collaborer avec les sœurs et les frères de ces communautés chrétiennes. En même temps, je voudrais dire aux formateurs que les prêtres doivent également être formés à cela, à ne pas se considérer comme des chefs solitaires, ni à vivre le sacerdoce ordonné avec un sentiment de supériorité. Nous avons besoin de prêtres capables de discerner et d’apprécier chez les laïcs la grâce du baptême et les charismes qui en découlent, les aidant peut-être même à s’ouvrir à ces dons et à trouver ensuite le courage et l’enthousiasme de s’engager pour la vie de l’Église et de la société. Concrètement, cela signifie que la préparation des futurs prêtres doit être toujours plus ancrée dans la réalité du Peuple de Dieu et réalisée avec la contribution de ses membres : prêtres, laïcs, hommes et femmes consacrés.

Chers amis, je vous remercie pour cette occasion d’être ensemble, mais surtout pour votre service, pour votre attention à la formation sacerdotale et pour votre travail missionnaire dans l’évangélisation de terres souvent blessées et en manque d’espérance évangélique. Je vous encourage à poursuivre votre chemin.

Que la Vierge Marie vous accompagne et intercède pour vous !

Discours du pape Léon XIV à deux groupes de prêtres : aux participants au cours pour formateurs de séminaires et aux participants au chapitre général des frères Xavériens, vendredi 25 juillet 2025

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