Quand on lit les Évangiles avec attention, une vérité saute aux yeux : Jésus et les pécheurs, c’est une histoire de miséricorde, de rencontre, et de transformation. Ceux qui s’attendent à voir Jésus fustiger les « mauvais » risquent d’être surpris. Car Jésus ne hausse jamais le ton contre ceux qui tombent, mais bien contre ceux qui les empêchent de se relever.
Jésus hausse le ton… contre les religieux sûrs d’eux
Quand Jésus s’emporte, ce n’est pas contre les pécheurs. C’est contre certains religieux, bien installés dans leurs certitudes, qui croient parler au nom de Dieu… mais ne le reconnaissent pas quand il est là, sous leurs yeux. Ces scènes révèlent une vérité essentielle sur Jésus et les pécheurs : il est toujours du côté de la personne qui cherche humblement la lumière.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Vous fermez aux autres l’entrée dans le Royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous empêchez d’y entrer ceux qui le voudraient. »
(Matthieu 23, 13)
« Vous chargez les gens de fardeaux écrasants, mais vous-mêmes ne les touchez pas d’un seul doigt. »
(Luc 11, 46)
« Vous abandonnez ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. »
(Matthieu 23, 23)
Notons toutefois que Jésus ne rejette pas les religieux en bloc. Nicodème, Joseph d’Arimathie ou encore certains scribes ouverts de cœur sont des exemples de religieux sur la bonne voie. Ce que Jésus dénonce, c’est l’attitude : l’orgueil, l’hypocrisie, le jugement.
Et nous ? Ne nous arrive-t-il pas de juger trop vite ? De condamner au nom de la foi ceux que Jésus appelle au cœur ?
Jésus et les pécheurs : il chuchote à l’âme des humbles
L’attitude de Jésus envers les pécheurs tranche avec les habitudes humaines. Il ne les pointe pas du doigt, ne les humilie pas. Il leur parle doucement, il les regarde, il les écoute. Il les appelle à changer, oui, mais à partir d’un regard d’amour. Dans l’Évangile, Jésus et les pécheurs vivent souvent les rencontres les plus fortes, les plus bouleversantes.
« Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. »
(Marc 2:17)
« Celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas. »
(Jean 6:37)
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »
(Matthieu 11:28)
Mais attention : Jésus ne bénit pas toute démarche superficielle. Il ne cherche pas à plaire. Il accueille ceux qui ont soif de vérité, même maladroitement, même dans la chute. Son accueil ouvre le cœur à la conversion.
Évangéliser à la manière de Jésus : attirer, pas accuser
Si l’on suit l’exemple de Jésus avec les pécheurs, alors évangéliser ne consiste pas à juger ou à corriger. Cela consiste à faire connaître Jésus, à le faire aimer. Toute condamnation hâtive ou discours moralisateur ne fait qu’éloigner les cœurs de celui qui peut vraiment les transformer.
C’est l’attrait, pas la réclame. C’est Jésus qui convertit, pas nos arguments. Mieux vaut ne pas se dresser entre lui et ceux qu’on considère comme « éloignés ». Au contraire, il nous revient de favoriser la rencontre, par :
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l’accueil sans condition,
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des ateliers bibliques vivants,
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la prière simple et profonde,
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la méditation guidée,
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et surtout l’amitié vraie.
Laisser passer Jésus
Jésus ne crie pas sur les pécheurs. Il crie contre tout ce qui empêche la miséricorde de les rejoindre. Il s’élève contre les filtres que certains dressent entre Dieu et l’homme. Et cela devrait tous nous interroger.
Alors, évangéliser à la manière de Jésus, c’est préparer la rencontre entre Jésus et les pécheurs. C’est créer des ponts, pas ériger des murs. C’est faire de la place, pas occuper l’espace.
Et si, au lieu de parler à sa place, nous laissions Jésus parler aux cœurs ?