Chaque année, à la fin d’octobre, la même question refait surface dans les milieux chrétiens : faut-il participer à l’Halloween ? Pour certains, cette fête est démoniaque et incompatible avec la foi. Pour d’autres, c’est une occasion de fraternité et de témoignage joyeux. Comment discerner ?
Les raisons de s’en abstenir
Certains croyants choisissent de ne pas célébrer l’Halloween, estimant que ses origines et ses symboles contredisent l’Évangile. La fête remonterait, disent-ils, à la célébration païenne de Samhain, où l’on craignait les esprits des morts. Des rites et des déguisements visaient à éloigner ces présences occultes. Pour un chrétien, cela rappelle des pratiques que la Parole de Dieu déconseille clairement : invoquer les morts, consulter les esprits ou banaliser le mal.
De plus, l’imagerie populaire de l’Halloween — fantômes, sorcières, démons et sang — semble glorifier les ténèbres. Beaucoup craignent que cela habitue les enfants à la peur, au macabre ou même à la fascination du diable. L’apôtre Paul nous invite à « ne pas prendre part aux œuvres stériles des ténèbres » (Éphésiens 5, 11). Enfin, plusieurs soulignent que cette fête détourne du véritable sens chrétien du 1er novembre, la Toussaint, qui célèbre la lumière des saints et la victoire du Christ sur la mort.

Les raisons de célébrer autrement
D’autres chrétiens, sans nier les dangers spirituels possibles, choisissent plutôt de redonner à l’Halloween un visage de lumière. Ils rappellent que le mot vient de All Hallows’ Eve, c’est-à-dire la veille de la Toussaint. À l’origine, c’était une veillée chrétienne qui préparait à la grande fête de tous les saints. Pour eux, il s’agit donc de se réapproprier la fête plutôt que de la fuir.
De tout temps, les chrétiens ont su évangéliser les fêtes païennes pour y faire briller la lumière du Christ. Noël, par exemple, s’est enraciné dans une ancienne célébration du solstice d’hiver, pour proclamer que le vrai Soleil levant, c’est le Christ. De la même manière, plusieurs coutumes locales ont été transformées et purifiées, devenant des occasions de joie, de partage et de foi. L’Halloween peut être vécue dans cet esprit : non pas comme une glorification des ténèbres, mais comme un espace missionnaire discret, où la lumière du Christ se glisse dans la simplicité d’un accueil, d’un sourire, d’un geste de bonté.
En ouvrant leur porte, en accueillant les gens avec bienveillance, en décorant sobrement et avec goût, certains chrétiens témoignent d’une foi ouverte et joyeuse. Dans un monde où l’on se parle si rarement, cette soirée devient une occasion de rencontre et de fraternité. Et plutôt que de craindre les symboles de la mort, ils y voient un rappel que Jésus a triomphé du tombeau : « Ô mort, où est ta victoire ? » (1 Corinthiens 15, 55).

Vers un discernement pastoral
Comme souvent, la sagesse se trouve dans l’équilibre. Il est bon de se garder de tout ce qui banalise le mal ou glorifie les ténèbres, mais il serait dommage de rejeter toute possibilité de témoigner dans la joie. L’essentiel est de vivre cette période dans la paix, sans peur, en gardant le regard fixé sur la lumière du Christ.
Le Christ a vaincu la mort, et les ténèbres n’ont aucun pouvoir sur lui — ni sur nous, ses disciples. Soyons des lumières dans la nuit par notre sourire, notre accueil et nos costumes lumineux ! Que cette soirée soit pour chacun une manière simple et joyeuse de manifester la victoire de la vie sur la mort.
Que chacun agisse selon sa conscience, dans la liberté des enfants de Dieu. Et si nous voulons vraiment sanctifier cette veille du 1er novembre, faisons-le en priant pour nos défunts, en remerciant Dieu pour les saints, et en répandant autour de nous un peu de sa lumière.
Ne fuyons pas le monde : éclairons-le!



