En rencontrant l’Amour, Zachée devient capable d’aimer les autres

L’Évangile d’aujourd’hui [1] nous place à la suite de Jésus, qui sur son chemin vers Jérusalem, fait étape à Jéricho. Il y avait une grande foule pour l’accueillir, parmi laquelle un homme du nom de Zachée, chef des publicains, c’est-à-dire de ces juifs qui recevaient les taxes pour le compte de l’empire romain. Il était riche, non pas grâce à un revenu honnête, mais parce qu’il prenait des pots-de-vin, et cela ne faisait qu’accroître le mépris à son égard. Zachée « cherchait à voir qui était Jésus » [2]; il ne voulait pas le rencontrer, mais il était curieux: il voulait voir ce personnage dont il avait entendu dire des choses extraordinaires. Il était curieux. Et étant petit de nature, « pour voir Jésus » [3] il monte sur un arbre. Quand Jésus s’approche, il lève le regard et le voit [4].

Et cela est important: le premier regard n’est pas celui de Zachée, mais de Jésus, qui parmi tant de visages qui l’entouraient — la foule — cherche justement celui-là. Le regard miséricordieux du Seigneur nous rejoint avant que nous nous rendions compte que nous en avions besoin pour être sauvés. Et avec ce regard du divin Maître, commence le miracle de la conversion du pécheur. En effet, Jésus l’appelle, et il l’appelle par son nom: « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi » [5]. Il ne le réprimande pas, il ne lui fait pas de sermon; il lui dit qu’il doit aller chez lui: « il faut », parce que c’est la volonté du Père. Malgré les murmures des gens, Jésus choisit de s’arrêter dans la maison de ce publicain pécheur.

Nous aussi aurions été scandalisés par ce comportement de Jésus. Mais le mépris et la fermeture envers le pécheur ne font que l’isoler et le pousser au mal qu’il accomplit contre lui-même et contre la communauté. Au contraire, Dieu condamne le péché, mais cherche à sauver le pécheur, il va le chercher pour le ramener sur le juste chemin. Qui ne s’est jamais senti cherché par la miséricorde de Dieu, a du mal à comprendre la grandeur extraordinaire des gestes et des paroles avec lesquels Jésus aborde Zachée.

L’accueil et l’attention de Jésus à son égard conduisent cet homme à un net changement de mentalité: en un instant, il se rend compte de la mesquinerie d’une vie entièrement occupée par l’argent, passée à voler les autres et à recevoir leur mépris. Avoir le Seigneur là, chez lui, lui fait voir tout avec des yeux différents, et aussi avec un peu de la tendresse avec laquelle Jésus l’a regardé. Et sa façon de voir et d’utiliser l’argent change aussi: au geste d’empocher, se substitue celui de donner. En effet, il décide de donner la moitié de ce qu’il possède aux pauvres et de rendre le quadruple à ceux qu’il a volés [6]. Zachée découvre de Jésus qu’il est possible d’aimer gratuitement: jusqu’alors, il était avare, à présent, il devient généreux; il avait le goût d’amasser, à présent, il se réjouit de distribuer. En rencontrant l’Amour, en découvrant qu’il est aimé malgré ses péchés, il devient capable d’aimer les autres, en faisant de l’argent un signe de solidarité et de communion.

Que la Vierge Marie nous obtienne la grâce de sentir toujours sur nous le regard miséricordieux de Jésus, pour aller avec miséricorde à la rencontre de ceux qui se sont trompés, afin qu’eux aussi puissent accueillir Jésus, qui « est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». [7]

[1] cf. Lc 19, 1-10.

[2] Lc 19, 3.

[3] Lc 19, 4.

[4] Lc 19, 5.

[5] Ibid.

[6] cf. Lc 19, 8.

[7] Pape François, angélus dominical du 3 novembre 2019.

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